mercredi 12 décembre 2012

Leister au carré

Ma première fois sur un site de rencontres

Après moult déboires dans les rencontres « classiques », j’ai enfin tenté : « Le Site de Rencontres Juif. » Tadam.
Comme tout le monde, je n’y ai rien trouvé et ça m’a blasée un peu plus.
Et puis c’est arrivé.
Là, caché au milieu de dizaines de fiches de bras cassés et de canards boiteux, est apparu le mouton à cinq pattes : un mec NORMAL ! Avec une annonce écrite en français, composée de mots qui existent et qui forment des phrases grammaticalement correctes. Et même pas de fautes ! Et comble de l’improbable : le type n’exige pas que la fille ait 10 ans de moins que lui.

Sur sa fiche se profile donc l’homme de ma vie : intelligent, cultivé, curieux, enseigne la Torah tout en étant moderne, jolie petite tête brune aux grands yeux noirs.
Bon il est sépharade, c’était trop beau, mais ça je le dis juste pour provoquer. Le mec est d’autant plus parfait qu’après avoir échangé par mail, on passe au téléphone et là wizzzzzz, ça glisse, ça coule, la conversation est archi fluide, même au bout de 2 heures. On s’amuse on chante on rit, c’est l’homme de ma vie. On fait un mariage 100% séparé ou que les danses ?

Wouaouh, et si c’était lui ?

Le lendemain, je suis un peu en retard à notre rendez-vous, fontaine Saint-Michel. C’est à moi de le retrouver puisque lui, très classe, ne m’a demandé ni photo ni description physique (archi-archi-rare). Je fais le tour de la place, en scrutant chaque bonhomme. Entre arythmie et tachycardie, mon cœur balance.
Je passe devant un type qui semble attendre. Je le dévisage, passe mon chemin en me disant : « Leister ! Heureusement que le mien ne ressemble pas à ça ! Qu'est-ce que je serais dégoûtée d'avoir rendez-vous avec un type qui aurait cette tronche de Bidochon. »
Et pour que moi je me dise Leister dans ma tête, je vous laisse imaginer l’ampleur de la calamité.

Différence notable : mon Bidochon
à moi attend 6 heures entre les
merguez et le camembert.

Iiiiiiirk, et si c’était lui ?

Je tourne et tourne. Je ne le trouve pas. Je lui téléphone.
« Ah c'est bizarre que tu ne m'aies pas vu, je suis bien sur la place pourtant. »
Je lui dis précisément où je suis pour qu'il me rejoigne.
Et bien sûr vous l’aviez deviné, vous êtes si intelligents : c'était lui, Shlomo Bidochon. Avec 10 ans et 20 kilos de plus que sur la photo.
J'étais    d    é    g    o    u    t    é    e, avec plein d’espaces entre les lettres et de déceptions entre les côtes sternales.

Brave petite soldate

Comme je suis une bonne fille, je n’envoie pas un SMS en cachette à une copine pour qu’elle m’appelle et que je puisse me sauver en urgence pour : garder son fils / la consoler elle s’est fait larguer elle est très triste / l’amener à l’hôpital elle va accoucher /…
On va au resto, et là je découvre qu’en plus, il est habillé comme l’as de pique. Mais pas n’importe quel as de pique : un as des années 80.
A l’issue de notre ennuyeuse conversation (alors qu’au téléphone, c’était lui c’était moi c’était nous), il me sort ces deux perles (dites benoîtement, sans malice aucune) :

Tentative de séduction 1

 « Tout à l'heure avant que tu n’arrives, il y avait une fille qui semblait chercher quelqu'un. Mais j'étais quasiment sûr que ce n'était pas toi.
- Ah bon pourquoi ? Elle avait un jean déchiré et un piercing dans le nez ?
- Non mais elle avait l'air jeune.
- Ah bon parce que moi j'ai l'air vieille ?!!
- Non mais elle faisait 25 ans. »
[NDLR : Passé 25 ans, vous êtes des vieilles. Désolée les filles.

Tentative de séduction 2

« C'est marrant, tu es coiffée comme les religieuses en Israël, genre Bne Braq.
- Ah bon ???? Aucun rapport.
- Si si complètement.
- Ben non, elles ont toutes les cheveux très longs les jeunes filles religieuses. Moi j’ai une coupe au carré.
- Non mais c'est parce que tes cheveux, on dirait une perruque.
- !!!! Ah OK, mes cheveux ressemblent à une perruque ?
- Non mais tu dois avoir le même problème que moi, tu as les cheveux fins non ? Tu as fait un traitement récemment ?
- Ben non.
- Ou alors un brushing ?
- Oué.
- Voilà c'est ça, j'ai le même problème, moi aussi quand je sors de chez le coiffeur, mes cheveux, ça fait CA. »

Photograph by Carolyn Drake. Annual Lubavitch convention in Crown Heights.
La manière dont Shlomo Bidochon me perçoit
Vous aviez compris que les heures que je n’avais pas passé à trouver la tenue dont ma vie dépendait, je les avais passées à me faire un brushing.

Gam zou léTova

Les 2 leçons que j’en ai tiré :
- Je ne cherche plus d’intellos coincés déconnectés de leur corps et de la réalité.
- Je me suis acheté une super crème hydratante pour cheveux chez Furterer.